Lundi, 15h52. Nouvel e-mail dans ma boîte de réception : « Bonjour Camille, C’est à ton tour de recevoir mon kanban pour un petit article lundi prochain. Merci pour ton aide ! Cécile ».
En bon français, cela veut dire : « Nos lecteurs attendent ton article sur le site de l’Institut Lean France dans 7 jours ».
La machine à contenus de l’ILF est redoutablement efficace : chaque semaine, 1 article publié tambour battant par les différents membres de la communauté. Je suis donc au courant de cette commande depuis un moment déjà, avec un bloc de temps réservé dans mon agenda à J-5 pour finaliser cette production.
Je ne devrais donc pas être surprise de cette relance… Mais au moment de recevoir l’e-mail, montée d’apnée ! « Je n’ai pas d’idée de ce que je vais bien pouvoir écrire, ni comment… J’ai la tête pleine d’autres sujets et je n’ai toujours pas de système rodé pour écrire des contenus de type article. » Bienvenue chez les cordonniers !
5 mn de respiration plus tard, je me dis : « Voilà un très bon problème à creuser comme thème de cet article ».
Si vous me suivez toujours, c’est parti dans mon voyage d’apprentissage au pays de « comment écrire un bon article sur le fil de l’Institut Lean France ».
Qui est mon client, et quelle est mon intention ?
Face à une production d’un genre nouveau, mon premier réflexe va à la question : « Qui sont les clients de cet article, et que veulent-ils ? ». Première réflexion intéressante, triple réponse à ce stade de ma compréhension actuelle.
- Moi-même. Avec mes coéquipiers, nous utilisons l’écriture comme pratique d’apprentissage personnelle pour ancrer nos théories et être capables de les remobiliser à bon escient dans nos défis quotidiens. Parce que l’amélioration continue, cela commence par soi-même. Et que l’on ne peut pas entraîner les autres dans l’apprentissage si on n’est pas soi-même en mouvement.
- Mes coéquipiers de l’ILF. Contribuer au fil des articles, c’est montrer du soutien, nourrir notre énergie collective et progresser ensemble dans les différents univers où nous jouons. C’est aussi se challenger pour faire progresser notre R&D sur la compréhension et la diffusion des principes et pratiques Lean en France.
- Les professionnels au sens large. Oui, mais qui ? L’accessibilité me tient à cœur : je souhaite que mes écrits puissent aider toutes celles et ceux qui se répètent régulièrement que « les problèmes sont des opportunités d’apprentissage ». Mais qui ne savent pas vraiment comment mettre en marche dans leur quotidien une machine à apprendre.
Ce qui m’amène donc à formuler mon intention pour cet article :
Donner envie aux personnes motivées par l’apprentissage de découvrir une pratique sérieuse et actionnable pour progresser dans leur propre contexte, TOUT EN mettant en énergie le collectif de l’Institut Lean France ET EN solidifiant mes propres bases.
L’intention, c’est la priorité à ne jamais perdre de vue, quoi qu’il arrive. C’est le cap, la boussole.
A quoi faire attention pour viser juste et éviter les défauts ?
Cela me permet d’enchaîner ensuite sur la question suivante : « Qu’est-ce qu’un bon article, du point de vue de mes 3 types de clients ? »
Aha, c’est là que cela se corse car chacun a son propre contexte, avec des attentes différentes. En réalité, c’est un dilemme stimulant. Il me met au défi de réfléchir. D’aller sur le terrain pour comprendre ce qui plaît ou pas aux lecteurs. De tester. De découvrir qui cela intéresse. Et petit à petit, d’identifier les critères qualité d’un bon article.
A ce stade de mon chemin d’apprentissage, je suis sous contrainte : bloc de temps de 2H max, pas le temps de sonder les lecteurs cibles, choix volontaire de ne pas utiliser l’IA pour forcer mon apprentissage. La perfection n’existe pas, c’est en publiant que j’obtiendrai du feedback pour faire mieux à chaque fois !
J’active l’option « décorticage » de 3 articles publiés par mes coéquipiers : analyse avec le filtre de ma propre intention, réflexion sur les points clés et erreurs à éviter. Objectif : m’équiper de repères – ou points de contrôle, guidant ma pratique pour écrire un article de qualité.
20 mn plus tard, voilà le résultat :
Points clés / Caractéristiques qualité :
- accroche qui capte l’attention et éveille la curiosité : humour, anecdote
- expérience personnelle de l’auteur
- narratif : « il était une fois un problème dans un contexte donné, avec ses conséquences difficiles ; voilà ce que le prisme Lean peut apporter pour lire la situation autrement, avec ses antidotes ; voilà les résultats et les leçons apprises pouvant vous inspirer dans votre pratique »
- conclusion renvoi de balle avec l’accroche du départ
- pas de jargon lean, anglais,..
- phrases courtes (max 30 mots) et simples
- sous titres ou connecteurs guidant la lecture
- schémas visuels
- 1000 mots max (temps de lecture moyen 8 mn)
- Fond : modèles mentaux issus du cadre de référence Lean
- 1 idée clé esquissée dans le titre
Erreurs à éviter / « Faire gaffe à » :
- jargon Lean non expliqué
- anglicismes
- argot
- polarisation bien / mal
- risque de décrochage si article long et technique
Le standard comme pratique personnelle pour développer son savoir faire
Me voilà donc équipée d’une V1 de mon standard pour lancer l’écriture de mon premier article, et enchaîner sur les suivants. Après chaque nouvel article publié, j’étudierai les problèmes rencontrés et les feedbacks de mes lecteurs. Ce qui me permettra de raffiner mon standard et de construire ma « machine à écrire toujours mieux », grâce à l’apprentissage continu.
La pratique de l’apprentissage grâce au standard est un levier puissant pour progresser dans sa discipline grâce à des cycles d’expérimentation et de réflexion continus. C’est votre propre recette.
Pour vous lancer, c’est très simple :
- une feuille A4 papier
- un titre (« un … réussi »)
- une intention exprimant une tension (… tout en …)
- une liste de points clés
- une liste d’erreurs à éviter
Avant chaque opération, regardez rapidement votre standard, ciblez ce que vous voulez découvrir ou mieux faire.
Après chaque opération, revenez sur le résultat, sur ce qui s’est réellement passé, complétez, raturez, apprenez.
Jusqu’au jour où vous serez devenu tellement fort que vous pourrez former les autres à faire, sur la base de votre standard, et les inviter à progresser en suivant la même voie.
J’espère que cet article vous aura donné envie de vous appuyer sur la pratique du standard, dans une discipline où il vous tient à cœur de progresser.
J’espère aussi cet article apportera de l’énergie à mes coéquipiers de l’Institut Lean France et un coup de pouce pratique à notre pédagogie.
Vous l’avez compris, je serai enthousiaste d’avoir vos retours pour plancher sur les futurs problèmes que je pourrai creuser 🙂
Camille Flex
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