Plus de 100 managers et entrepreneurs français, belges et suisses issus de tous secteurs d’activité étaient réunis lors de la première édition du Lean Green Day. La nécessité d’un tel évènement est évidente : tandis que notre société n’a jamais été aussi prospère et dynamique, notre planète fait face à une menace sans précédent.
Aussi, l’Institut Lean France et l’Institut Lean Green ont décidé d’agir. Le principal objectif de cette première conférence était d’ouvrir une discussion sur ce sujet et d’initier un partage de pratiques Lean permettant à chaque entreprise de trouver un mode de fonctionnement à la fois plus efficace et plus respectueux de la nature.
Depuis plusieurs décennies, les scientifiques constatent que la Terre est confrontée à une crise écologique inédite causée principalement par l’activité humaine. De même, les grands organismes internationaux comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publient des chiffres alarmants : 92 % de la population est exposée à une mauvaise qualité de l’air. Ces mêmes prévisions stipulent que l’Humanité souffrira également d’un déficit de 40 % d’eau douce avant 2030.
Régulièrement, les études nous alertent sur le taux d’extinction des espèces, sur l’ampleur de la déforestation et de la dénitrification ou encore sur les lourdes pertes causées par les catastrophes naturelles. Ces effets s’amplifient avec le réchauffement climatique et provoquent des changements majeurs sur l’écosystème terrestre.
Les Accords de Paris (COP21) à caractère universel, fixe certes pour la première fois un cadre onusien au traité international sur le changement climatique. Toutefois, limiter le réchauffement à
2°C semble un cap peu ambitieux. L’accord ne prévoyant pas de révision obligatoire à la hausse des engagements des Etats avant 2020 ou reste vague sur le combat contre l’épuisement des autres ressources naturelles, ne crée pas toutes les conditions pratiques pour engager rapidement la transition vers un modèle durable respectueux de l’environnement.
Dans la lutte contre la destruction de notre patrimoine environnemental et le changement climatique, une réponse globale et concertée de l’ensemble des acteurs économiques s’impose. En effet, il est nécessaire de faire converger la dynamique onusienne, les démarches des entreprises privées et les initiatives issues du terrain.
Parmi les plus actifs dans ce changement de paradigme, Steve Hope, Directeur Général en charge des questions environnementales et d’engagement sociétal de Toyota Motor Europe, a expliqué qu’en raison de la pression citoyenne et des impacts écologiques, les constructeurs automobiles sont amenés à repenser intégralement l’automobile afin de la rendre plus durable. La demande de voiture augmente à mesure de l’augmentation de la classe moyenne. Par conséquent, cela accentue les effets dévastateurs sur nos ressources naturelles, sur notre climat et sur notre société. En réfléchissant méthodiquement sur son devenir et celui de la société à long-terme (2050), Toyota a fait de ses 6 Défis Environnementaux une composante essentielle de sa vision stratégique.
Toute entreprise est en droit de se fixer des challenges ambitieux à relever. Durant leurs déploiements opérationnels, la vraie difficulté pour les organisations réside dans leur mise en œuvre effective sur le terrain, conformément aux résultats attendus. En introduction de la conférence Lean Green, Toyota nous a présenté comment elle compte relever ses 6 Défis Environnementaux avant 2050 et a décrit son approche fondée sur l’analyse rétrospective en remontant graduellement depuis la vision à 2050 jusqu’au présent ( « backcasting » ) . La direction du groupe sera entièrement responsable de sa réussite.
Dans la perspective de réduire progressivement son impact environnemental, Toyota attend que ses salariés et ses partenaires assurent des cycles de production vertueuse privilégiant des solutions locales, à l’instar des concessionnaires de La Rochelle ou de l’usine de Valenciennes. De même, à l’échelle planétaire, Toyota vise la conception et la production de voitures presque intégralement recyclables..
Il n’est pas surprenant que l’industrie automobile, historiquement polluante, soit incitée à réduire ou à éradiquer son impact écologique pour enrayer la catastrophe écologique annoncée. Par ailleurs, l’explosion récente de l’économie numérique engendre une empreinte carbone équivalente à celle du transport aérien civil et une empreinte hydrique par salarié et par jour, équivalente à 4 packs d’eau minérale. Paradoxalement, la dématérialisation des données et documents, laissait présager, à tort, une diminution des consommables. La qualité de l’écriture des programmes informatiques et l’application de l’écoconception au digital permettent non seulement, de gagner en productivité et de réduire les gaspillages mais aussi de diminuer l’impact environnemental du numérique, comme nous l’ont expliqué Frédéric Bordage et Edmond Nguyen dans la présentation Lean et Green IT. .
La démarche Lean et Green IT consiste à satisfaire complètement les utilisateurs en leur livrant des solutions socialement et écoresponsables. Dans ce contexte, les ingénieurs perfectionnent à la fois les fonctionnalités et les performances logicielles et s’efforcent aussi d’introduire du code de qualité. Le recyclage de certaines parties de programme, répondant à de nouveaux usages, permet aussi de gagner un temps précieux. A titre d’exemple, l’optimisation de programmes existants a permis à un géant de la grande distribution de faire l’économie de l’ouverture d’un data center et d’éviter ainsi l’impact correspondant sur l’environnement.
Ensuite, Flavie Blanchet-Gacic, référente en management environnemental à la SNCF, et Benoit Aliadière, chef de projet écoconception au sein de SNCF Réseau, ont montré qu’ils avaient contribué à élaborer une meilleure manière de travailler tout en préservant la planète. .
Même les meilleures idées et les processus les plus aboutis ne pourront pas s’implanter si le dirigeant n’est pas enclin à adopter une stratégie orientée sur la préservation de l’environnement. Comme évoqué précédemment par Toyota Europe, Jean-Claude Bihr, président d’Alliance MIM, affirme qu’un entrepreneur devrait s’engager conjointement dans deux démarches : le Lean et le Green. Jean-Claude Bihr a présenté le type de leadership nécessaire à la conduite de changement ainsi que le rôle du manager dans la création de conditions motivantes pour que les collaborateurs donnent le meilleur d’eux-mêmes pour résoudre nos plus grands problèmes. Il a également énuméré les raisons pour lesquelles le Lean est la méthode la plus efficace pour protéger les ressources naturelles. En s’engageant dans une démarche qualité et de réduction des stocks, en ne produisant que ce qui a été commandé, nous minimisons notre empreinte environnementale.
Bruno Thomas, fondateur de Classe.io et Marc Villemon, responsable Green IT de RTE ont présenté comment résoudre les problèmes écologiques en appliquant la démarche Lean. Bruno Thomas s’est appuyé sur la méthode de résolution de problème A3 pour concevoir une application informatique écoresponsable et bénéficiant de temps de réponse exceptionnels permettant satisfaire entièrement son client. A regarder ici.
Marc Villemon nous a expliqué comment le cumul de petites améliorations peut générer de grands résultats. Nous devons célébrer ces petites améliorations dans nos entreprises, non seulement pour réduire notre consommation de ressources mais aussi pour que les membres de l’équipe restent impliqués et connectés. Le sentiment de contribution gardera les employés motivés et engagés. Encourager un collaborateur à expérimenter lui permet d’apprendre ainsi qu’à l’entreprise. En revanche le « non » peut fermer une porte qui ne s’ouvrira probablement plus jamais. Pour tout changer, nous avons besoin que tout le monde réfléchisse et s’engage à penser Lean et Green. .
L’économie circulaire offre une solution innovante pour en finir définitivement avec l’économie linéaire du « prendre-produire et jeter » tout en continuant à encourager une productivité suffisante et une croissance économique raisonnée. Au centre de cette théorie se retrouve l’idée que les déchets sont surtout de la matière première et ont de la valeur pour de nouvelles productions. La pratique Lean conjuguée aux principes de l’économie circulaire jette les bases du Lean Green et aide les entreprises à rester durablement concurrentielles tout en devenant écoresponsables.
Si les entreprises intègrent la démarche Lean et les bienfaits de l’économie circulaire, le Lean Green s’inscrira durablement comme la meilleure méthode pour aider les entreprises à éliminer leurs gaspillages, à recycler leur déchets, à réduire leurs émissions et à créer plus de valeur.
CHARLES Julien
Très bonne approche.
Merci pour les apports et les explications.